Le vice-président du studio MAPPA, Hiroya Hasegawa, a récemment abordé les défis auxquels est confrontée l’industrie de l’animation japonaise dans une interview accordée à Real Sound. Connu pour son travail sur des séries comme Vinland Saga, Oblivion Battery ou The Ancient Magus Bride, Hasegawa a mis en lumière plusieurs problématiques persistantes, notamment les conditions de travail des animateurs et les limites du système de formation.
« Il y a de nombreux problèmes à résoudre, pas seulement au sein du MAPPA, mais l’un d’entre eux est que, contrairement à ce qui se passait lorsque nous avons rejoint le MAPPA, le nombre de personnes qui entrent occasionnellement en contact avec l’animation a augmenté au cours des dernières années, et lorsqu’elles s’impliquent dans la production d’animation, elles découvrent souvent que le monde est différent de ce qu’elles avaient imaginé. »
Des attentes mal comprises et un équilibre difficile à trouver
Selon Hasegawa, le nombre croissant de personnes attirées par le secteur de l’animation ne s’accompagne pas toujours d’une véritable compréhension des réalités du métier. Beaucoup découvrent, une fois impliqués dans la production, un univers bien différent de ce qu’ils imaginaient. Face à cette réalité, il insiste sur l’importance de maintenir un équilibre sain entre la vie professionnelle et la vie privée des employés, une démarche encore trop rare dans l’industrie.
Le problème du mentorat et de la transmission des compétences
L’un des défis majeurs identifiés par Hasegawa est le manque de mentorat à long terme. Les délais de production serrés empêchent souvent les animateurs expérimentés de transmettre correctement leurs compétences aux nouvelles recrues. Résultat : de nombreux freelances quittent des projets majeurs sans avoir reçu les corrections ou les retours nécessaires pour améliorer leur travail. Cette lacune contribue à la diminution de la qualité globale des productions animées.
Les dérives budgétaires et les risques pour les studios
L’animatrice Terumi Nishii, connue pour son travail sur Jujutsu Kaisen 0 et JoJo’s Bizarre Adventure, a également mis en garde contre les effets de ces pratiques sur le long terme. Selon elle, les projets initialement prévus pour trois ans finissent souvent par s’étendre sur cinq ans, provoquant une hausse des coûts et augmentant le risque de faillite pour les studios.
Les controverses autour de MAPPA
Le studio MAPPA a déjà été au cœur de plusieurs polémiques concernant les conditions de travail, notamment lors de la production de la saison 2 de Jujutsu Kaisen. Des épisodes jugés inachevés et des témoignages de freelances dénonçant des pratiques de travail intensives ont terni la réputation du studio, malgré son succès international.
Des perspectives d’évolution au sein du studio
Malgré ces défis, Hasegawa a également mis en avant les opportunités qu’offre MAPPA à ses employés. Le studio propose des rôles variés, allant de la production à l’organisation d’événements, en passant par la distribution et la publicité. Pour ceux qui savent se démarquer et proposer des idées innovantes, il est possible d’accéder à des postes à responsabilités, même sans expérience préalable.
L’interview de Hasegawa met en lumière les complexités d’une industrie en pleine expansion, où succès et défis se côtoient. L’avenir de l’animation japonaise dépendra sans doute de la capacité des studios à s’adapter aux nouvelles exigences, tout en préservant la qualité et le bien-être de leurs créateurs.
Source : Realsound